
Créer au Québec, survivre ailleurs?
Partagez
Récemment, je suis tombée sur un article qui parlait du revenu annuel moyen des artistes au Québec : environ 21 000 $ par année.
Je vous laisse digérer ça.
Dans l’article, on évoquait une des « solutions » possibles : l’aide gouvernementale. Mais on le sait, cette aide est fragile, souvent coupée, politisée, et loin d’être équitablement distribuée. Et honnêtement, je ne veux pas dépendre d’un gouvernement pour survivre comme créatrice. Ce n’est pas ça, vivre de son art.
Ce que je veux, c’est que les gens consomment l’art. Le design. La création locale. Que les artistes puissent vivre de leur talent parce qu’il y a une clientèle ici, au Québec. Qu’on valorise notre monde autant que les étrangers le font.
Parce que, soyons clairs : à l’international, le mot “Montréal” fait rêver. Quand je vends mes produits à l’extérieur, les acheteurs sont fascinés, emballés, curieux. Ils reconnaissent la valeur, la richesse, l’audace de notre design québécois.
Et ici? C’est un autre monde. 75 % de mes ventes sont faites hors Québec.
Et ça, ça me désole.
Pourquoi faut-il quitter le Québec pour être reconnu? Pourquoi faut-il que je justifie le fait qu’une partie de ma marque soit en anglais — quand c’est justement ce qui me permet de vendre ailleurs et de survivre?
Et pendant ce temps, ici, on continue de mettre toujours les mêmes formes de culture de l’avant. On a fait du bon boulot pour la musique, l’humour, le cinéma, la télé. C’est vrai, il y a là un vrai effort collectif de visibilité. Mais la culture ne s’arrête pas là. Où sont les créateurs de mode dans les médias grand public? Où sont les artistes visuels, les auteurs jeunesse, les gens du théâtre, les artisans?
Il y a tout un pan de notre culture qui reste dans l’ombre, faute de plateforme, faute d’espace, faute de volonté. Et pourtant, ce sont aussi ces créateurs qui façonnent l’âme du Québec.
Je rêve d’un Québec où on est fier de nos artistes pendant qu’ils sont là — pas seulement après leur départ ou leur mort.
Je rêve d’un Québec où on ne se scandalise pas de voir un mot en anglais, mais où on s’indigne de voir un·e créateur·rice devoir s’expatrier pour manger.
On a du talent ici. On a de la créativité. On a de l’audace.
Ce qu’il nous manque, ce n’est pas de l’aide gouvernementale :
c’est du soutien du public. C’est VOUS.
Achetez local. Soutenez vos artistes. Partagez leur travail. Donnez-leur de la visibilité.
Faites-le sans attendre un rabais, sans attendre un concours, sans attendre qu’ils percent à l’international.
Sinon, on va tous finir par créer ailleurs. Et ce ne sera plus le Québec qu’on aime tant.